On y est, c’est la fin, les Lakers sont sortis des Playoffs face à la monstrueuse équipe des Nuggets de Denver après un sweep presque logique certains diront, parfaitement regrettable pour d’autres.
Injouables, incontrôlables, inarrêtables, insurmontables, les adjectifs sont nombreux, mais tellement réalistes, toutes ces années passées à reconstruire cette équipe, Mike Malone obtient enfin la récompense de ses efforts depuis son arrivée à la tête du roster en 2015.
Le projet était ambitieux mais n’a jamais tellement été hors de portée de la franchise du Colorado depuis la prise de poste de son coach: en 8 ans, les Nuggets se sont régulièrement qualifiés en tête de peloton de la conférence Ouest et avaient déjà vus les finales de conférence une première fois en 2020, cette même année où ils avaient perdu 4-1 contre LeBron et ses coéquipiers.
Qui aurait pu le prédire que ça se serait terminé ainsi cette fois-ci ? A peu près tout le monde. Qui aurait pu dire en Novembre 2022 que les Lakers finiraient leur saison en finales de conférence, surtout après un passage par le play-in, absolument personne ou presque.
Cher LeBron, tu ne peux pas t’en vouloir, vraiment
Tu l’as dit toi-même, que tu aimerais jouer au moins une saison en NBA aux côtés de Bronny, ton fils. Ça aussi c’est un projet ambitieux, pour toi qui, à 38 ans, reste l’un des tous meilleurs joueurs de la ligue malgré les pépins physiques qui s’enchaînent.
Le jour où tu l’as annoncé, ces mots résonnaient déjà comme une évidence pour tous tes fans de la première heure, comme pour les plus récents d’ailleurs, tant ta longévité fait parler, tant ton niveau reste incroyable en comparaison à tous ces Hall of Famers qui profitaient d’une retraite bien méritée depuis longtemps au même âge.
Bronny grandissant, il nous paraissait déjà logique que cette idée t’ait traversé l’esprit. Mais on ne va pas se mentir, c’était aussi réconfortant que flippant de se dire que tu allais devoir jouer au moins 2 ou 3 ans de plus pour que ce rêve se réalise enfin.
Réconfortant parce qu’on savait que ça serait de nouvelles occasions de te voir briller sur les parquets de cette ligue que tu connais tant, qui elle aussi t’a vu grandir pendant toutes ces années, qui t’a vu t’élever parmi les meilleurs de l’histoire.
Ces parquets qui, comme un cahier ouvert à la même page depuis ton arrivée il y a 20 ans, ont vu la marque de tes shoots, de tes dunks, de tes passes, s’écrire, ligne par ligne au fil des matchs, au fil des réussites comme des échecs.
Pour moi qui ai regardé l’énorme majorité d’entre-eux, je me souviens presque exactement où chacun des moments historiques que nous avons vécus grâce à toi s’est déroulé.
C’est aussi pour ça que c’est flippant de se dire qu’à 38 ans, et quand on regarde le passif de tes blessures qui se font de plus en plus nombreuses et fréquentes ces dernières années, pour toi qui es très certainement l’un des joueurs les plus compétitifs que l’on ait pu voir à l’œuvre ces dernières décennies, que tes coéquipiers vont encore avoir besoin que tu prennes, encore, les choses en main pour réussir, pour atteindre les objectifs collectifs.
Nous l’avons tous remarqué, nous avons tous été déçus par toutes ces années de disette, toutes ces fois où on pensait « cette année c’est la bonne, LeBron est inarrêtable! ».
Oui tu l’as été, presque trop souvent irréprochable même, mais tes équipes elles n’ont pas toujours su ou pu suivre le rythme.
J’ai essayé de me mettre à leur place, de me demander « ça fait quoi d’être coéquipier du King ? ». Il y a tellement de réponses possibles à cette question, mais presque toutes ont un rapport avec ta grandeur et ce que tu reflètes à travers la ligue, à travers ton pays, à travers le monde, pour tous les fans de basketball.
Mais ça doit être ça la marque des plus grands ? La marque des champions, répondre présent tant qu’on est là, devant, accepter son destin et aller au front quoi qu’il arrive, peu importe l’issue du combat.
Et si tu n’es pas champion cette année encore, d’aucuns s’accordent à dire que tu as été un véritable guerrier, un valeureux soldat, touché et blessé à maintes reprises, certes, mais le héro qui s’est toujours relevé pour tenter de mener son escouade à la victoire, même quand tout le monde vous voyait morts depuis longtemps.
Cette saison n’aura pas été des plus simples, parlons-en d’ailleurs…
Rétrospectivement, les équipes NBA qui ont connu des débuts aussi catastrophiques ont toutes, ou presque toutes, fini par sombrer petit à petit pour se résigner à se préparer pour les saisons suivantes et envisager une reconstruction sur le moyen ou long terme.
Beaucoup t’ont reproché le choix Westbrook et pour moi qui ai suivi tout ça de près, c’était le bon fit, sur le papier en tout cas. J’y croyais vraiment !
Russell était la pièce manquante du puzzle des Lakers, celle qui aurait apporté de la vigueur, de la fraîcheur et du peps à une équipe complètement remaniée et dont on avait bazardé les éléments importants, à tort.
Mais ça aussi on l’a vu au fil des années, un joueur ne fait pas tout, ce qui change c’est la force d’un collectif, d’une équipe, d’un coach, et malheureusement pour vous l’arrivée de Russell Westbrook n’aura pas été à la hauteur des attentes, de celles fans comme des tiennes, et j’irais même jusqu’à dire que l’équipe entière n’a pas non plus été à la hauteur de ce que Russell pouvait vous apporter.
Et bien heureusement pour Los Angeles, votre front office a pris les bonnes décisions avant qu’il ne soit définitivement trop tard.
Un peu comme une reconstruction post-tanking mais en cours d’année, vous avez joué cette saison 2022-23 en 2 parties tellement contrastées, même si c’était pour notre plus grand plaisir à nous. Vous avez fait taire tellement de monde en si peu de temps, moi le premier d’ailleurs ! C’était incroyable, et merci de m’avoir donné tort de cette manière.
Mais cet exercice de Playoffs 2023, ces moments mémorables face aux Grizzlies et aux Warriors, on en espérant pas tant il y a quelques mois encore, et peut-être qu’on a été trop exigeants sur la fin, ces dernières semaines.
On a beau se plaindre, de l’arbitrage, du coaching, de tes coéquipiers, et même parfois de toi quand tu prends aussi les mauvaises décisions, ça reste ça, c’est ça, C’EST ÇA le basket, ÇA ! Ce qui nous anime, ce qui nous fait vivre, ce qui nous donne envie de continuer à te suivre, ce que l’on partage entre fans et adversaires, ce qui nous fait ressentir tant d’émotions parfois totalement contradictoires.
Nous les fans nous en demandons beaucoup. Parce qu’avec toi aux commandes tout nous parait possible, parce que même si pour les autres tu n’es peut-être pas une légende ou le GOAT, pour nous tes fans tu es un magicien, absolument capable de tout sur un terrain, et tu l’as encore prouvé, jusqu’aux dernières minutes de cette course folle pour tenter d’éviter le sweep.
On y croit et on y croira jusqu’au bout et à chaque fois que tu seras sur un terrain on regardera encore et toujours 48 minutes de basket, parfois la peur au ventre quand tu tomberas sans te relever, parfois en sautant de notre canapé en hurlant quand tu rentreras, dans la toute dernière minute de jeu, ce dagger que l’on attendait tous.
Nos exigences font de nous des fans vivants, heureux même dans la défaite, parfaitement satisfaits quand même.
C’est peut-être ce qui déplaît à beaucoup de monde, que nous puissions être aussi investis dans l’histoire d’un homme, d’un joueur, qui représente tant de valeurs, sportives, familiales et professionnelles. Que nous nous sentions concernés par tout ou presque tout ce que tu fais, ce que tu communiques, ce que tu reflètes.
La haine que tout cela génère, c’est un peu comme de la jalousie au final, parce que leur façon de suivre la NBA est bien différente de la notre, parce qu’ils n’ont pas le même enthousiasme que nous à regarder un joueur évoluer, quelle que soit son équipe. Parce qu’ils ne pourront jamais comprendre ce que ça fait.
Et même si la défaite nous affecte, quelle nous laisse cette boule au ventre parce qu’on sait que vous étiez capables de tellement mieux, on reste grandement satisfaits quand même, d’avoir pu te suivre, toi et tes coéquipiers, jusqu’au bout.
Malgré le ratage, malgré les revers, ce qui restera quand même dans les mémoires de tous, c’est cette première place que tu occupes désormais au classement des meilleurs marqueurs de tous les temps. Un haut-fait historique qu’aucun autre joueur n’avait pu atteindre ces 30 dernières années et pour ça je suis heureux de l’avoir vu de mes propres yeux, de mon vivant.
On espérera toujours te voir jouer une saison de plus, que tu nous annonceras que tu restes, que tu prolongeras ton contrat et que tu continueras ta passion en continuant à nous faire rêver.
On espère aussi que tu verras ton fils Bronny progresser sur ces parquets que tu connais tant, à tes côtés, pour que tu puisses ensuite lui passer définitivement la couronne, qu’il écrive sa propre histoire à son tour.
Il sera, quoi qu’il en soit, un peu comme une signature que tu laisseras telle une empreinte indélébile sur ce cahier ouvert toujours à la même page: LeBron James was here, LeBron James is still here
Merci grand Roi !
Crédit photo: SportsCenter